Il est 10 heures, hier, lorsqu'une déflagration souffle le McDonald's de Quévert, à quelques kilomètres de Dinan (Côtes-d'Armor). L'explosion soulève la toiture de la guérite du McDrive, à l'arrière de l'établissement. Et projette Laurence T., 28 ans, chef d'équipe. Les jambes sectionnées, le corps coupé en deux, elle meurt sur le coup. Dans le fast-food ouvert depuis 7 heures du matin, c'est l'affolement. Cinq clients sont déjà là. Un mois auparavant, dans la nuit du 9 au 10 mars, l'établissement avait essuyé trois coups de feu, non revendiqués.
Immédiatement, la piste de l'attentat est privilégiée. Un cratère de 20 cm de profondeur et 60 cm de diamètre atteste que l'explosion ne peut être accidentelle. A 15 h 30, Irène Stoller, la chef de la 14e section antiterroriste du parquet de Paris, se rend sur place. Jacques Chirac condamne «cette violence criminelle et aveugle que rien ne saurait justifier». Lionel Jospin «stigmatise» cet acte de violence, déclarant: «On veut intimider, on veut s'en prendre à des bâtiments, et puis un jour on tue.» McDonald's France se déclare «bouleversé», et la Confédération paysanne exprime son «dégoût» (lire ci-contre). C'est la première fois depuis 1996 qu'un attentat aveugle tue en France.
Dynamite. Très vite, la police fait le lien avec une tentative d'attentat, le matin même, dans une poste du centre de Rennes. Un dispositif de bâtons de dynamite désamorcé qui rappelle les actions de l'ARB (Armée révolutionnaire bretonne, li