Il y avait un retour manifeste de la culture bretonne. Des fest-noz
qui ne désemplissent pas, des festivals parmi les plus courus de France. Il y avait les écoles Diwan (bilingues) qui tissaient, difficilement mais peu à peu, leur réseau. Hier encore, leurs responsables étaient reçus au ministère de l'Education. Ici ou là, de grands patrons affichaient leurs origines bretonnes, comme un étendard: Leclerc, Pinault, Bolloré, Le Lay. Le complexe Bécassine avait vécu. Une télévision bilingue est en gestation pour cet été.
En face, il y avait une résurgence des partis politiques bretons. Des modérés de l'Union démocratique bretonne aux autonomistes d'Emgann (Combat), en passant par le comité de l'appel de Carhaix. L'engouement était fragile, mais réel. L'année dernière, un sondage publié par Ouest-France montrait que 68% des habitants de Loire-Atlantique interrogés étaient favorables au rattachement à la Bretagne, un vieux leitmotiv des indépendantistes. Jamais l'association d'entraide Skoazell Vreizh (Secours breton) n'avait recueilli autant d'argent. Dans des bars, des troncs estampillés «solidarité avec les prisonniers politiques» fleurissaient. Même si, en 1992, la Bretagne fut l'une des régions les plus favorables à Maastricht: 59,85% de oui, avec des pointes à 69%.
Et puis, hier, une bombe à Quévert. Un attentat qui jette le discrédit sur une part de l'ensav (le mouvement breton), si la piste privilégiée par les enquêteurs est la bonne: celle des autonomistes.
Certes, dans l