Godé, envoyé spécial.
Deux semaines après la «découverte» d'une crise alimentaire aiguë dans la Corne de l'Afrique et, en particulier dans l'Ogaden, au sud-est de l'Ethiopie, de nombreuses questions subsistent. Une fois de plus, prise de court par des images d'êtres décharnés, l'opinion publique internationale risque de confondre les «personnes menacées de famines» 16 millions dans la Corne et une partie de l'Afrique de l'Est et les victimes, réelles, dans les «poches de malnutrition» de l'Ogaden. Vade-mecum pour s'orienter dans le labyrinthe de l'indifférence et de la compassion.
S'agit-il d'une famine?
Le bon sens voudrait qu'on emploie le mot dès qu'il y a des victimes. Mais l'expérience prouve qu'il est essentiel de distinguer entre une pénurie alimentaire, dont une meilleure distribution de la nourriture disponible peut venir à bout, et une famine, au sens de fléau généralisé dans toute une région. Pour l'instant, il n'y a pas de famine, pas même dans l'Ogaden. Même si l'expression est barbare, on y est dans une situation d'urgence de préfamine. Les groupes les plus vulnérables (vieillards et enfants) succombent aux prodromes d'une catastrophe qui peut encore être évitée, à condition que la saison des pluies débute, que l'aide arrive" Moins le problème est aigu, plus ces conditions préalables sont nombreuses et, donc, la famine une hypothèse et non pas une fatalité. C'est le cas pour les neuf dixièmes des victimes potentielles de la faim en Afrique, même si 1,5 milli