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Libération

A Louis-Aragon, le choix n'a pas de prix. A la médiathèque de Fontenay-sous-Bois, on refuse l'idée de taxer le lecteur.

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publié le 22 avril 2000 à 23h54

A la médiathèque, la lecture, c'est d'abord celle des codes-barres.

Ici, les livres font un bip sonore quand ils entrent. Un autre quand ils sortent. Le laser glisse sur les tranches. La médiathèque Louis-Aragon de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), c'est 400 000 prêts par an pour un fonds de 191 200 documents.

Mercredi, 10 h 30. Sacs en plastique, sacs à dos, chariots. On vide. On remplit. Romans, BD, CD. «On n'a pas le temps de dire ouf», lâche Claudine. La bibliothèque, c'est du va-et-vient en même temps qu'un lieu de rendez-vous. Quand il repart, le cabas déborde parfois. Les emprunteurs font le plein. Ont-ils les yeux plus gros que le ventre? «On pense bien que matériellement, les gens ne lisent pas tout», dit une conservatrice «Mais ils les emportent. L'important c'est qu'ils aient le choix.» Privilège de l'initiation, vertu de la découverte: c'est le credo de la bibliothèque publique. Dans le couloir qui mène à la salle de lecture, un enfant caresse les fesses d'une sculpture ­ une lectrice allongée ­ en ânonnant: «Elle lit quelque chose.» «Commencer tôt pour leur donner le goût», avait murmuré le conservateur. Une dame pousse un chariot plein de livres vers les étagères.

Les livres détestent le désordre. Alors, on a collé des couleurs aux lecteurs. Carte de prêt verte pour les adultes, orange pour les enfants jusqu'à 14 ans, lilas pour les extérieurs. Le sésame ­ 40 francs annuels ­ donne droit à quinze documents (quatre livres, quatre documents sonores, quatre revues,