Prêt gratuit ou prêt payant? Formulé d'un telle manière, le nouveau
dilemme qui déchire la classe intellectuelle française est un faux dilemme. Il serait en effet choquant, pour accorder réparation aux auteurs qui s'estiment injustement privés de leurs droits à l'occasion des prêts de livres, d'instituer un système de prêt payant, au coup par coup, dans les bibliothèques municipales.
A l'heure de l'abrutissement télévisuel généralisé, de la lutte contre l'exclusion et du malaise scolaire, la lecture déjà affectée par le prix élevé des livres n'a vraiment pas besoin d'une telle mesure dissuasive. Et les auteurs signataires de la pétition concoctée par le Syndicat des éditeurs et la Société des gens de lettres auraient bien fait de la lire de près et de s'y reprendre à deux fois avant de déposer leur paraphe au bas d'un texte pour le moins maladroit puisqu'il invite à taxer chaque emprunteur à raison de 5 francs par livre retiré. Le principe d'un abonnement annuel, qu'appliquent 80% des bibliothèques municipales, n'est-il pas déjà suffisant? Voire même excessif, en particulier pour certaines familles nombreuses?
On peut certes en demander un aménagement, en fonction des ressources des emprunteurs de livres. C'est sans doute, même, souhaitable, puisqu'on peut assimiler le réseau des bibliothèques municipales, financé par l'impôt, à un service public et son développement à un investissements socioculturel. Reste la plainte légitime des auteurs auxquels d'ailleurs la loi per