Un coup de force au service de l'Etat de droit, ainsi peut-on
qualifier la récupération d'Elian par la police fédérale. En se réfugiant depuis cinq mois derrière les procédures légales, Bill Clinton et son gouvernement ont certes trouvé un habile moyen d'éviter de prendre position sur une affaire embarrassante. Ils ont aussi mis en relief la principale différence entre les deux bords du détroit de Floride: d'un côté, un Etat de droit, avec ses procédures lourdes mais contraignantes; de l'autre, le règne d'un arbitraire dictatorial dont le mépris routinier des droits de l'homme a encore été stigmatisé, mardi dernier, par la commission compétente des Nations unies.
L'astuce de Clinton a été de rétrograder l'affaire d'Etat montée par Castro en simple procédure civile, en un cas banal de conflit familial comme les tribunaux en ont tant à connaître. Qui pourrait trouver à y redire? Seuls, sans doute, les anticastristes exilés à Miami qui, en un mimétisme sinistre avec leur vieil ennemi, ont littéralement fait main basse sur le jeune enfant. Ils l'ont instrumentalisé pour les besoins de leur cause, le soumettant à une exploitation médiatique éhontée. Bref, ces opposants à la tyrannie castriste en sont venus à partager avec elle sa négation des règles élémentaires du droit. Ce que symbolisait au mieux leur fort Chabrol hystérique. La cause de la liberté, et même celle d'Elian, méritait de meilleurs défenseurs.
On sait déjà qu'à la fin, dans l'affaire Elian, force restera à la loi, apr