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Libération

Le petit Cubain a été rendu à son père. Elian change de camp, le bras de fer continue. Samedi à l'aube, l'enfant a été retiré de force à sa famille d'accueil à Miami.

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publié le 24 avril 2000 à 23h52

Miami, de notre correspondant.

Aïda Batistuta est formelle, «la photo est truquée». Elle ne croit pas que le petit Elian ait pu se jeter tout sourire dans les bras de son père quatre heures à peine après avoir été «kidnappé», fusil d'assaut au poing, par la police des frontières. Cette ancienne employée de l'archevêché de La Havane, exilée à Miami depuis dix ans, est convaincue, comme la plupart des Cubains de Floride, que le petit balsero (réfugié) a été rejeté en enfer par les policiers de Bill Clinton. Et, c'est bien connu, en enfer on ne sourit pas. La photo du bonheur diffusée immédiatement après les retrouvailles de Juan Miguel Gonzalez et de son fils est donc «un montage». Sa rage est encore attisée par les images du meeting jubilatoire à Cuba où Fidel Castro, estimant que «Bill Clinton [avait] fait une bonne chose», évoquait «un jour de trêve, peut-être le premier en 41 ans, avec les Etats-Unis».

Les événements de samedi ont provoqué l'ire de la communauté exilée. Sur place, la cinquantaine de personnes qui avaient veillé toute la nuit autour de la maison d'Elian ont tenté de gêner le commando pendant l'opération «restitution» (son nom de code), en lançant une pluie de tabourets sur les véhicules de police. Puis, alors que le jour pointait, sont accourus les voisins et les amis pour réconforter l'oncle Lazaro et sa fille Marisleysis, prostrée dans le salon entre deux entrevues aux télévisions. Les gens ont hurlé leur dégoût. Une pancarte montrait en caricature le prési