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Libération
Éditorial

Salutaire.

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publié le 26 avril 2000 à 23h49

Saint Louis, prince brutal et bigot, a décrété l'éradication de la

prostitution. On sait ce qu'il en est advenu. Mutatis mutandis, la même chose s'est passée depuis l'apparition, voici une quarantaine d'années, d'une consommation de masse de produits psychotropes illégaux. L'abord punitif de ce problème n'a nulle part entravé son expansion. Bien pire, loin d'en restreindre l'usage, il en a aggravé le mésusage. La France a gardé une des législations les plus répressives sur la consommation de diverses substances appelées «drogues». Cela se fait en toute hypocrisie puisque, dans la réalité, le bon sens a poussé à adopter des attitudes moins stupidement moralistes ­ ne serait-ce qu'à des fins de prophylaxie d'urgence comme la mise à disposition de seringues propres pour couper court à la propagation du VIH. On fiche à peu près la paix aux fumeurs de joints, mais ce n'est pas sans mal que des médecins bénévoles ont pu imposer leur pratique du «testing» dans les raves extatiques. Dans la pratique, la prohibition est jetée au panier par les acteurs sociaux les plus concernés ­ mais ne le dites pas à votre élu, il préfère se boucher les oreilles.

A cet égard, la campagne officielle de sensibilisation marque un infléchissement salutaire. Sans clamer sur les toits une ébouriffante innovation, elle prend acte des réalités et traite les psychotropes pour ce qu'ils sont ­ des produits plaisants mais souvent dangereux pour leurs utilisateurs. Prétendre que l'enfer commence à la première b