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Libération
Interview

Axel Kahn, généticien à l'Inserm: «C'est un vrai succès, mais il ne faut pas surinterpréter les résultats».

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publié le 28 avril 2000 à 23h45

Axel Kahn est généticien à l'Inserm (Institut national de la santé

et de la recherche médicale). Il est l'auteur de «Et l'Homme dans tout ça? Plaidoyer pour un humanisme moderne» (1).

Est-ce le premier pas de la révolution médicale tant attendue?

C'est un résultat majeur, et un vrai succès. C'est de surcroît typiquement un bon travail. L'équipe d'Alain Fischer a pris toutes les précautions, expérimentant d'abord sur la souris, avant de passer à l'homme. Mais il ne faut pas surinterpréter les résultats. Cela montre que les deux allégations souvent avancées sur la thérapie génique sont également fausses. L'une dit que ça sera la panacée, le traitement de toute les maladies, l'autre préétend que tout cela n'est qu'une histoire d'argent et que ça ne marchera pas. Ces affirmations sont excessives.

Quelle est la clé de ce succès?

C'est un cas d'espèce particulier, un cas où il était raisonnable de penser que la thérapie génique pouvait agir. Car dans cette maladie, le problème est que les cellules, en particulier les cellules souches du système immunitaire, n'ont pas de récepteurs à des facteurs de croissance dénommés cytokines. Les cellules ne captent pas de signal de prolifération et donc elles ne se multiplient pas, ne se différencient pas et ne fabriquent pas les globules blancs nécessaires contre les infections. Si on corrige dans ce contexte quelques cellules, elles deviennent sensibles aux cytokines que produit l'organisme et se multiplient, ce qui permet la production des globu