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Libération
Éditorial

Double langage.

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publié le 2 mai 2000 à 0h40

Depuis que la France vote, il est un argument qui revient comme une

rengaine chaque fois qu'il est question d'arracher notre société à une ornière néfaste: ladite société ne serait pas «mûre» pour prendre le tournant que seraient pourtant prêts à lui proposer les politiques si" L'antienne a servi tout au long de la IIIe République pour interdire aux femmes l'accès à l'isoloir, avec l'accord tacite de toute une partie de la gauche qui craignait que ces dames, trop marquées par le cléricalisme, ne votent trop à droite. La même chanson a été utilisée jusqu'aux années 70 pour justifier l'interdiction de l'avortement. Mêmes refrains, enfin, jusqu'aux années 80, sur l'abolition de la peine de mort.

La participation aux élections locales des étrangers résidant depuis longtemps en France mais n'appartenant pas à l'Union européenne, s'est heurtée longtemps à la même objection de non-maturité de la société. Mitterrand, certes, l'avait fait sienne dans ses 110 propositions de 1981, rompant ainsi un vieux tabou. Mais force est de constater qu'il s'en servit surtout comme d'un épouvantail destiné à renforcer les rangs de l'extrême droite pour mieux diviser et donc affaiblir son opposition conservatrice. Il aurait voulu faire de la cause officiellement défendue un éternel motif de discorde qu'il ne s'y serait pas pris autrement.

On ne peut certes pas adresser le même reproche à Lionel Jospin, adepte de la plus grande prudence en la matière depuis son arrivée à Matignon. Pour lui, vingt ans