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Libération
Éditorial

Le prix de l'exotisme.

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publié le 3 mai 2000 à 0h38

Le tourisme, comme toute activité en plein essor, voit croître le

nombre de ses accidentés. Les otages enlevés dans une île de Malaisie par un groupe de rebelles musulmans des Philippines en font d'ores et déjà partie: adeptes de plongée et de chasse sous-marine, il leur était difficile d'imaginer qu'ils pourraient être transformés du jour au lendemain en monnaie d'échange dans un conflit dont ils ignoraient sans doute tout au départ et dont, en tout état de cause, ils se tenaient à l'écart. On ne peut, bien sûr, que souhaiter leur rapide libération. Mais on voudrait aussi que leur mésaventure fasse réfléchir nombre d'inconscients tout aussi avides d'exotisme exclusif qu'ignorants avérés des réalités et des drames qu'ils se risquent à côtoyer. Il serait temps, par exemple, que celui ou celle qui part pour quelque vagabondage yéménite sache que la prise d'otages est considérée là-bas comme un sport national, généralement destiné à arracher quelque avantage ou concession au pouvoir central. Que l'amateur de farniente qui se précipite vers les plages protégées du sud-ouest du Sri Lanka n'ignore plus que ce pays est aussi le théâtre d'une des plus longues et plus meurtrières guerres de sécession ethnique. Que les clients des hôtels de luxe de la Casamance aient bien conscience de bronzer et de barboter dans l'Atlantique sous la protection de l'armée sénégalaise.

La liste de ces vacances à haut risque n'est pas exhaustive, loin de là. Et elle ne peut que s'allonger à l'heure de l'