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Libération
Éditorial

Le poids du vide politique.

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publié le 4 mai 2000 à 0h37

Evaporée, ridiculisée même, la crainte d'un euro fort fondé sur une

politique de rigueur qui briderait durablement la croissance! Seize mois ont suffi pour que le spectre brandi par les antieuropéens de tout poil s'évanouisse face à un dollar «boosté» par le taux record de la croissance américaine. Quitte d'ailleurs à ce que les anti-euro fort d'hier se transforment demain en censeurs implacables d'un euro anémié.

Là n'est pourtant pas la vraie question. Il reste en effet à comprendre pourquoi, en dépit des honorables performances de l'économie européenne, l'euro paraît irrésistiblement happé par la spirale de la baisse. De l'avis de presque tous les experts, les différentiels de croissance et de taux d'intérêt entre l'Europe et les Etats-Unis ne suffisent pas à expliquer un tel effondrement. Tout se passe en effet comme si nous étions ­ mais c'est souvent le cas en économie ­ face à un phénomène qui relève plus de la psychologie collective que de la finance: un immense doute des détenteurs de capitaux dans la capacité de l'Union européenne à définir et à appliquer durablement une politique économique commune. On pouvait espérer à un moment donné que cette entreprise collective se bâtisse à partir de la monnaie unique, accouchée au forceps. Force est de constater qu'il n'en a rien été: derrière la façade de l'Union et les oraisons de circonstance, les spécificités nationales résistent ou même se renforcent sans qu'on puisse deviner un projet commun précis. Les liens franco-all