Le crime restera peut-être parfait. Et tout cela, si l'on s'en tient
aux dernières informations officielles sur la cybertraque de l'auteur du virus I love you, à cause des magistrats de Manille adeptes intraitables des week-ends familiaux. Pas de mandat, pas d'arrestation par la police philippine, et le (ou la) coupable qui profite du répit pour effacer les traces de son forfait. Ce scrupuleux respect de l'Etat de droit dont on espère qu'il aura cours aussi s'agissant des otages retenus dans l'île de Jolo peut laisser dubitatif, mais, où que se niche l'agent saboteur, force est de constater qu'il reste inaccessible au quatrième jour de la circulation de son virus.
Rarement la distorsion n'aura paru aussi flagrante entre les effets dévastateurs sur toute la planète d'un virus informatique fomenté, semble-t-il, par une seule personne, et l'impuissance du système à s'en préserver à temps. Le bogue de l'an 2000, c'était de la fiction, la réalité est peut-être bien pire.
Car dans le mal nommé I love you, il n'y a plus la volonté subversive d'un internaute libertaire de perturber le Web marchand comme on avait pu l'observer dans des «attaques» récentes, mais une démarche destructrice qui affecte indifféremment des entreprises privées, des institutions publiques et aussi des simples particuliers.
On peut ne voir dans cette situation que la fable édifiante de la firme Microsoft punie par là où elle a péché: c'est-à-dire son gigantisme hégémonique qu'un seul grain de sable peut venir