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Analyse

La mondialisation donne soif d'Europe.

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L'union politique est le seul moyen de retrouver une souveraineté.
publié le 10 mai 2000 à 0h29
(mis à jour le 10 mai 2000 à 0h29)

«L'Europe n'avance pas, d'accord, mais est-ce vraiment si grave?», demandait récemment un journaliste au député européen Daniel Cohn-Bendit, qui se plaignait de la panne actuelle. Naguère, cette question aurait passé pour une incongruité. L'Europe était synonyme de paix: qui se serait interrogé sur l'intérêt de faire avancer la paix? Depuis la chute du mur de Berlin, la naissance de la monnaie unique et le changement de génération des équipes au pouvoir, la question n'est plus déplacée.

Mission accomplie. Ceux qui la posent sont généralement libéraux. Ils vous expliquent que le terrain de jeu n'est plus cette Europe aux frontières de plus en plus floues, mais la scène globale; qu'un jeune qui surfe sur l'Internet ne se sent pas européen, mais simplement terrien" Pour les libéraux, l'Europe a rempli son contrat: elle a modernisé les économies, ouvert les frontières, déréglementé, introduit de la concurrence dans les services publics, ôté la monnaie des pattes des hommes politiques. Mission accomplie, donc: que va-t-on chercher plus loin? La mondialisation, voilà le nouvel horizon.

Ce discours est solide, car trempé à l'idéologie dominante. Mais est-ce cet avenir-là dont veulent les Européens? Souhaitent-ils être les guerriers d'un jeu de société planétaire dans lequel les armes seraient la concurrence sociale et fiscale? A l'évidence, non. Ils attendent au contraire que l'Europe soit plus qu'un simple espace, qu'elle les aide à reprendre en main leur destin. Et à dégonfler le c