L'Europe ne produit plus. Ni promesses. Ni visions. Et voilà nos
ténors politiques bien embarrassés, comme dépouillés de leurs formules magiques. Ils se sont succédé hier à la tribune de l'Assemblée nationale où le gouvernement présentait les orientations de la présidence française de l'Union qui début le 1er juillet prochain" Pour reconnaître la panne.
Lionel Jospin: «Il faut redonner du sens à la construction européenne. Un sens qui paraît parfois s'estomper.» Alain Juppé: «L'impression se répand que la construction européenne est en panne.» Robert Hue constate «l'inertie». Valéry Giscard d'Estaing, bien que le plus croyant et pratiquant de tous, a été le plus direct: «On ne progressera pas aussi longtemps qu'on ne reconnaîtra pas que la décision du grand élargissement a changé la nature de l'Europe. L'option en faveur de l'espace signifie un renoncement tout au moins temporaire à l'objectif de l'intégration poussée, c'est-à-dire à la puissance.»
Dès lors chacun prend la posture qui sied à sa place dans le paysage politique.
Pragmatique, pas lyrique. Lionel Jospin fait du Jospin. Il n'a jamais goûté la grandiloquence européenne. Le Premier ministre ne prétend pas refonder l'Europe, mais la gouverner. Il égrène donc les dossiers qui seront les siens au cours des six mois à venir de présidence française: «l'agenda social» («Une protection sociale élevée, un droit adapté aux évolutions de l'organisation du travail, une politique de l'emploi qui tienne compte des mutations de