Un anniversaire peut-il ranimer la flamme européenne? Hier, les

dirigeants européens étaient tous à la recherche du «souffle des pères fondateurs» pour relancer la construction de l'Union. Lionel Jospin a promis que la présidence française de l'Europe (du 1er juillet au 31 décembre prochains) voulait «redonner du sens à la construction européenne. Un sens qui paraît parfois s'estomper». Mais son ambition ne décolle guère du «réalisme».

Dans d'autres capitales on célébrait ce que les fonctionnaires bruxellois ont baptisé la «Saint Schumann», le 50e anniversaire de la Déclaration qui a donné naissance à l'Europe. C'est le 9 mai 1950, au quai d'Orsay, que le ministre français des Affaires étrangères lançait le projet de mise en commun des matières premières françaises et allemandes; un an plus tard naissait la Ceca (Communauté européenne du charbon et de l'acier) qui déboucha en 1957 sur la Communauté économique européenne, ou «Europe des six». Aujourd'hui, l'Union semble embourbée. Elle peine à s'entendre sur les réformes à engager pour pouvoir accueillir douze nouveaux pays et bute sur «le redoutable dilemme» qui est, selon l'expression de Jacques Delors, de «faire la grande Europe sans défaire la Communauté». La jeune monnaie unique chute, une faiblesse qui traduit le manque de ressort du vieux continent et l'inachèvement de son union politique. A la veille d'une réforme décisive, les Quinze doivent tenter de conclure à Nice en décembre prochain un nouveau traité, pour facilit