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Libération
Éditorial

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publié le 10 mai 2000 à 0h30

Comment lutter contre le blues européen engendré par l'immobilisme,

la frilosité et la routine? Certainement pas par la prudence érigée à tort en vertu. Certainement pas par la seule gestion au jour le jour des dossiers pendants. Elle est inévitable, certes, et peut même comporter une part de pédagogie. Mais comment oublier le jour du cinquantenaire de la déclaration fondatrice de la construction européenne faite par Robert Schumann, que l'Europe, pour se développer, a besoin de se nourrir d'idées audacieuses? Exprimées pour la première fois, elles sont toujours apparues irréalistes, voire utopiques. Elles n'en ont pas moins germé pour, au fil des ans, prendre l'aspect d'évidences. C'est ainsi, notamment, qu'a été surmontée la prétendue impossible coexistence franco-allemande sur le même bout de continent. Et c'est ainsi que se sont imposés le Marché commun, l'union agricole, le Marché unique, l'euro, l'idée d'une défense et d'une politique étrangère communes.

C'est de l'absence de perspectives, d'idées à apprivoiser, presque de rêves, que souffre l'Europe à l'heure de l'esbroufe de la mondialisation: la paix est considérée comme un avantage acquis, le marché unique comme un cocon menacé par l'élargissement, la libre circulation et la relative abondance comme un dû, la défense commune comme une dépense inutile. Faute de grand dessein capable de dépasser les égoïsmes nationaux, les progrès se négocient au trébuchet sous couvert de réalisme. Un réalisme derrière lequel Lionel J