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Libération
Éditorial

Bien peu, bien tard.

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publié le 12 mai 2000 à 0h25

Le sida n'est plus seulement un problème de santé publique, mais un

enjeu géopolitique qui menace de déstabiliser des régions entières du globe, à commencer par l'Afrique. Du coup, les grandes puissances et les organisations internationales prennent enfin la peine de s'y intéresser. Les cinq grands de l'industrie pharmaceutique acceptent de vendre à prix réduit dans les pays les plus pauvres les médicaments qui permettent de combattre la pandémie. Les Etats-Unis, par la voix de Bill Clinton, affirment qu'ils ne menaceront plus de sanctions les pays qui invoquent, comme les y autorisent les accords de l'OMC, l'impératif de sécurité nationale pour s'approvisionner en médicaments «génériques», aussi efficaces mais infiniment moins coûteux que les produits des multinationales. C'est, pourra-t-on dire, bien peu et bien tard ­ des millions d'êtres sont morts alors que les moyens de les soigner existaient. Ces initiatives doivent en outre bien plus à des calculs politiques ou économiques qu'à un sursaut moral. Clinton réagit aux pressions croissantes de deux électorats ­ les Noirs et les homosexuels ­ décisifs pour la victoire de son dauphin Al Gore en novembre. Les laboratoires veulent éviter de se retrouver au banc des accusés, et préserver leurs «droits intellectuels». L'ONU ne veut pas risquer d'être accusée d'impéritie et de non-assistance à des peuples en danger. Enfin, il ne faut pas oublier qu'une baisse du prix des médicaments n'est qu'une des armes dans l'arsenal dont il