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Libération

Après sept jours de grève des convoyeurs de fonds. La France se débrouille sans cash. Privés de billets, les Francais apprennent à vivre sans porte-monnaie.

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publié le 16 mai 2000 à 1h15

Bébert le Toulousain a pu croire un instant que le piège des

convoyeurs en grève s'était refermé sur lui. Samedi, le distributeur de la Caisse d'épargne a soudainement fermé son clapet. Alors, il a changé d'épicerie. Parce que le Huit à huit accepte le paiement par tickets repas, alors que le petit Casino, non. Chez le primeur, il a chargé la barque pour pouvoir payer par Carte bleue. En plus des carottes et des brocolis, il a pris deux bottes d'asperges du Tarn-et-Garonne à 18 F pièce. Ce qui lui reste en poche suffira pour sa baguette et les journaux du matin. «J'ai des problèmes de monnaie», râle la patronne de la papeterie-tabac du quartier Casselardit. C'est à cause du paquet de cigarettes blondes passé hier à 21 francs. «Personne n'a ce fichu franc et il faut rendre la monnaie sur cinquante.» Le patron va régulièrement taper des pièces de dix centimes au boulanger. Celui de la cité Bourrasol l'a amère: «Personne n'achète son pain par paquet de dix. Aussi, les gens vont au supermarché et paient par chèque en prenant une miche au passage. En une semaine, j'ai perdu 25% de mon chiffre d'affaires.» Alors, il a ouvert cinq «ardoises» à des clientes démunies.

Intérêt général. Chaleur caniculaire à Bordeaux. Au tabac de la rue du Palais-Gallien, le patron reconnaît qu'il «est bien obligé d'accepter des chèques, sinon de nombreux clients ne pourraient plus payer». Les plus touchés sont ceux qui manipulent de grosses sommes, comme ce patron d'un supermarché du centre-ville. Avec