Jolo, envoyé spécial.
L'île de Jolo, dont la capitale Jolo compte 100 000 habitants, grouille de groupes armés en tout genre. Outre les trois bataillons de l'armée régulière (2 700 hommes), composés de soldats originaires de l'île principale de Luçon ou d'autres îles extérieures, le plus important mouvement séparatiste musulman des Philippines, le Front national de libération moro (MNLF), dirigé par Nur Misuari, compte entre 7 000 et 9 000 hommes, mobilisables à tout instant. Tout le monde est en armes sur cette île aux allures de Far West, jusqu'aux enfants des bidonvilles qui, équipés de M16 en plastique, imitent avec la plus grande conviction leurs aînés. Les enlèvements y sont devenus si courants qu'ils n'émeuvent plus personne. «Un ami m'a appelé de Manille pour me demander pourquoi Jolo fait la une de l'actualité ces dernières semaines. Les gens d'ici ne sont jamais excités, nous nous sommes habitués», confie le père Roméo Villanueva, un prêtre de Jolo.
Démonstration de force. La prolifération des groupes armés contribue pour beaucoup à l'instabilité générale. Mercredi, Nur Misuari, leader du MNLF, qui a négocié un accord de paix avec Manille en 1996, a mobilisé 3 000 hommes: des combattants armés de lance-roquettes et de fusils-mitrailleurs ont pris place sur toutes les routes de l'île, non loin des campements militaires réguliers. «Nur est mécontent d'être mis à l'écart des négociations. Il a voulu montrer sa puissance», explique un homme d'affaires membre du MNLF. Nur