Ile de Jolo (Philippines), envoyé spécial.
Un groupe d'une douzaine de civils armés de M16, bonnet afghan ou keffieh sur la tête, bloquent notre voiture qui file derrière le convoi des négociateurs venus rencontrer les rebelles du groupe islamique Abu Sayyaf qui retient 21 otages sur l'île de Jolo depuis quatre semaines. «Move, move, move», crie un chef édenté répondant au surnom d'«Arafat». En quelques secondes, ses hommes grimpent à bord du pick-up et ordonnent au chauffeur de prendre un chemin qui part dans la jungle. Une fois débarqués, nous leur expliquons que nous sommes journalistes huit Français et une Norvégienne et que nous essayons depuis plusieurs jours d'entrer en contact avec le groupe Abu Sayyaf pour parler aux otages. Les guerilleros examinent nos cartes de presse et disent pouvoir nous conduire jusqu'au leader du groupe. Après trois heures de marche dans la montagne, ils nous mènent dans une grande cabane en bambou, plantée au milieu d'une cocoteraie et nous disent d'«attendre de recevoir l'autorisation de voir les leaders». Ils sont une dizaine d'adolescents bien armés, sous la conduite de quelques vétérans. Jusque-là, ils ne manifestent aucun signe d'agressivité; tout au contraire, ils conversent en anglais, certains nous apportent même des fruits acides cueillis sur les arbres environnants.
«Agents de la CIA». A la nuit tombée, l'atmosphère change radicalement. Un Sino-Philippin vite surnommé le «commissaire politique» du groupe nous aveugle avec s