Menu
Libération
Éditorial

Chantiers en cours.

Article réservé aux abonnés
publié le 23 mai 2000 à 0h54

Si la croissance n'existait pas, il ne resterait sans doute qu'à

l'inventer. L'équilibre financier de la Sécurité sociale, qui échappe enfin à la malédiction du trou, le montre suffisamment. Les dirigeants socialistes, Aubry en tête, ont eu le bon goût de reconnaître l'influence bénéfique du cycle économique. Mais ils ont très vite ajouté que les mesures qu'ils ont prises sont aussi pour quelque chose dans le riant bilan des comptes sociaux de la Nation. Et ils ont raison, si on entend par là que le retour à l'équilibre de la Sécu est indissociable de l'acceptation sociale et politique des contraintes qu'il implique.

Il ne sert à rien de mitonner en chambre une réforme au cordeau si la réaction publique qu'elle suscite la rend inopérante. C'est ainsi que Juppé s'est brûlé les ailes à propos de la Sécu. Héritant de leur patate chaude, Jospin et Aubry ont su doser les recettes de leurs prédécesseurs (augmentation des prélèvements obligatoires et rationalisation des prestations), de façon à les rendre tolérables par l'organisme social. Ils ne se sont pas contentés d'adapter une réforme, ils l'ont rendue viable.

Le mouvement des hospitaliers est venu rappeler que le seuil de tolérance n'était pas très éloigné. L'ajustement entre les contraintes budgétaires et les exigences politiques s'est certes fait au plus serré. Mais pouvait-il en être autrement? Cela a valu à Aubry de se faire traiter de «funambule». Mais elle n'aurait pas dû s'en offusquer: il vaut mieux traverser la rivièr