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Libération

La Courneuve, Renoir pour mémoire. Le 8 juin, la barre Renoir de la Cité des 4000 n'existera plus. Pas pour ses habitants.

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publié le 27 mai 2000 à 0h47

«Ça a donné la chair de poule, j'avais des noeuds dans l'estomac.»

C'est ce qu'a ressenti Raymonde lorsqu'elle a vu débouler les bulldozers qui préparent la démolition de sa barre Renoir de la Cité des 4000, à La Courneuve. Après seulement, l'âme a tremblé. «Je suis déprimée depuis ce temps-là. Pour moi, c'est comme un deuil.» Raymonde ne se fait pas à son nouveau logement, à portée d'oeil de Renoir. Il lui manque les grands couloirs, la solidarité des voisins. Il lui manque ses années envolées. «Quand ils sont venus pour me déménager, j'arrivais pas à finir mes colis.» Raymonde ne viendra pas là le 8 juin prochain à 13 h 01. Elle ne verra pas, comme ses voisins, l'exécution de «son» Renoir: 150 mètres de long, 11 de large et quinze étages pour 360 logements.

Pressov, puis Ravel. Aujourd'hui, les ouvriers s'affairent derrière des palissades grises. «Ils sont en train de le déshabiller», dit Catherine. Elle a déménagé de Renoir voilà un an, dans du provisoire à détruire, la barre voisine de Pressov. Pressov, sa mort est programmée dans deux ans, mais c'est presque comme si c'était fait. Les halls n'ont plus de vitres, certains rez-de-chaussée sont murés et quand on aperçoit des femmes de ménage laver les entrées à grande eau, on se demande si elles ne sont pas en train de nettoyer la mer.

Renoir est proche de la fin, Pressov attend la sienne. Derrière, il y a Ravel promis à la même fin. Destruction prévue vers 2002-2003. Catherine attend d'être logée dans un bâtiment qui n'exi