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Libération

Epinal, dispendieuse vitrine municipale. Quatorze ans de gestion expérimentale ont endetté la ville.

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publié le 29 mai 2000 à 0h46

Strasbourg, de notre correspondante.

Il avait rêvé d'une circonscription à Toulon, dans son Sud d'adoption. Ce fut Epinal, dans l'Est. Elu député des Vosges en 1978, quand la droite tremble pour sa majorité, Philippe Séguin arrache la mairie d'Epinal aux socialistes lors des municipales de 1983. Il y restera jusqu'à sa démission, en 1997: il avait fini par s'y ennuyer.

Le député des Vosges a-t-il jamais vraiment aimé cette ville où il résidait le plus souvent à l'hôtel? En tout cas, il sut l'utiliser à merveille comme une vitrine expérimentale censée démontrer à la France entière ce qu'on pouvait faire avec un peu d'imagination, de la volonté politique et" un bon paquet de subventions. Séguin a embelli le centre-ville, fait repeindre les façades, aménagé les berges de la Moselle. Epinal est sacré par l'Equipe «ville la plus sportive de France», reconnu «ville la plus fleurie de France», couronné «Marianne d'or», récompensé par le «mercure d'or du meilleur réseau câblé de France» et le «coq d'or de la meilleure télévision locale de France». L'apothéose survient pendant la campagne présidentielle de 1995: Jacques Chirac érige Epinal en modèle national pour son action en faveur des rythmes scolaires: activités «intellectuelles» le matin, ateliers gratuits l'après-midi pour" la moitié des élèves.

Chasse aux subventions. Mais voilà, tout cela est cher, trop pour une préfecture de moins de 40 000 habitants. La seule expérience sur les rythmes scolaires coûte à la ville 2 000 francs