Le chômage sous les 10% relance le débat sur la «société de plein
emploi». Mais qui en bénéficiera vraiment? Réponse en sept questions.
Précarité.
C'est le paradoxe de la reprise de l'emploi: le nombre de RMistes, baromètre de l'exclusion du marché de l'emploi, n'a jamais été si important. On comptait 1 145 023 allocataires fin 1999. Si les salariés qualifiés retrouvent vite du travail, les non-qualifiés, ou trop âgés, perdent pied. Pour l'institut Rexecode, la reprise de l'emploi ne devrait concerner que deux chômeurs sur trois, le tiers restant s'enfonçant un peu plus dans l'exclusion. A ces RMistes, il faut ajouter 1,7 million de salariés dont le contrat de travail est précaire (intérim, CDD, CES) et les 1,4 million de personnes qui déclarent «subir» leur travail à temps partiel. Total: 4,3 millions de personnes sont, en France, selon l'Unedic, «en contact avec le chômage». L'amélioration réelle de l'emploi va d'abord permettre de passer d'une catégorie à l'autre. Mais c'est lent: il a fallu deux années d'amélioration, pour voir, en 1999, le nombre de créations de CDD baisser en proportion, pour faire un peu de place aux contrats à durée indéterminée. Avec 300 000 créations d'emplois, l'élimination de ce stock pourrait durer plus de dix ans. Le débat va être relancé sur les «trappes à inactivité». Selon l'Insee, le passage de l'inactivité à l'activité n'est guère avantageux, notamment pour les emplois payés au Smic, puisque le retour à l'emploi s'accompagne de la suppression