Geoffroy, 20 ans, bac pro de cuisinier.
«J'ai décidé de ne plus me laisser faire. D'autant qu'aujourd'hui, il y a du travail partout. Et même à 20 ans, on peut choisir et ne pas se précipiter chez le premier patron venu. Avec mes copains de promo, on en a beaucoup discuté. J'ai passé un CAP et un bac pro de cuisinier en alternance dans un lycée hôtelier. Pendant ces quatre ans, j'ai vraiment souffert. J'étais apprenti en cuisine, on m'a traité comme un chien. Nos profs nous avaient prévenus que c'était la tradition. Il paraît que c'est un moyen pour mesurer notre motivation. Résultat, on nous enseigne à accepter tous ce que nous demande notre patron. Moi, j'en ai eu quatre différents. Presque tous aussi désagréables les uns que les autres.
«L'un d'entre eux avait pour habitude de me faire venir à la dernière minute, quand j'avais un jour de congé le week-end. Ça m'a vite énervé d'être traité comme un moins que rien, alors que je faisais un vrai boulot. Certains sont craintifs et resteront toujours soumis à leur chef, feront douze heures par jour payées huit. Moi, pas question. J'ai fait le tour des employeurs dans ma région, en posant sans agressivité mes conditions. Je veux bien faire des journées à rallonge, et gagner 7 000 F net par mois, mais je veux trois jours de congé dans la semaine.
«Les chefs que j'ai vus ont été très surpris de me voir arriver en disant ça. Certains m'ont carrément foutu à la porte. Mais la pénurie de cuistots joue pour moi. Mes conditions sont banal