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Libération

Les nouveaux terrains des associations antichômage. Les discours se réorientent vers la précarité.

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publié le 31 mai 2000 à 0h44

Comment parler du chômage quand l'air du temps est à la croissance

et à la reprise de l'emploi? «C'est vrai, il y a une impression générale d'optimisme dans le pays. Les thèmes de l'exclusion, du chômage n'apparaissent pas aussi fortement qu'il y a quelques années», reconnaît Christophe Aguiton, l'un des animateurs d'AC! (Agir contre le chômage). Les associations de lutte contre l'exclusion redoutent désormais que l'idée récurrente «du faux chômeur», «du chômeur paresseux», «du chômeur coupable» ne revienne en force à la faveur de l'amélioration continuelle des chiffres.

Intox. «Or, on sait bien qu'actuellement, les gens les plus éloignés du monde du travail restent à l'écart de la reprise de l'emploi. Parce qu'ils n'ont pas de qualification, parce qu'ils sont trop âgés, parce qu'ils ont été fragilisés par des années de chômage», estime Lucien Duquesne, vice-président d'ATD-Quart Monde. Pour lui, le Care (contrat d'aide au retour à l'emploi) proposé par le Medef «risque d'accréditer l'idée que les chômeurs sont responsables de leur situation», en les obligeant à accepter n'importe quel travail ­ y compris sous-qualifié ­ sous peine de sanctions. «Chômeurs fainéants, stop à l'intox», scandent à intervalles réguliers plusieurs dizaines de personnes qui campent depuis lundi soir devant le siège parisien de l'Unedic. La nouvelle donne oblige les associations de défense des chômeurs à rénover leurs analyses, car, même dans l'opinion, le chômage est de moins en moins perçu comme u