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Libération
Éditorial

Récifs en vue.

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publié le 31 mai 2000 à 0h43

On s'était habitué à ce que les mauvais chiffres du chômage soient

annoncés par le gouvernement du moment. C'est sans doute un signe des temps: les représentants du patronat se sont précipités pour priver la ministre de l'Emploi de l'avantage de livrer elle-même le taux de chômage à un chiffre.

Une façon de dire que si le chômage a baissé, c'est d'abord grâce aux entreprises qui ont créé des emplois et malgré un gouvernement qui s'ingénierait à leur rendre la tâche difficile. On remarquera quand même, au passage, que lorsque ça allait mal sur le front de l'emploi, le patronat n'était pas porté à partager le fardeau des mauvaises nouvelles avec les gouvernements, de gauche comme de droite. Le voilà bien allant pour s'approprier les bonnes" S'agissant des politiques, on a suffisamment dit, depuis une dizaine d'années, qu'ils seraient jaugés sur leur aptitude à combattre le chômage, pour ne pas s'étonner qu'ils cherchent à s'arroger le mérite de l'emploi retrouvé, même si l'on sait que tout devient plus facile quand la croissance est là.

Martine Aubry ce matin, et Lionel Jospin à l'avenir, entendent bien sûr en tirer argument pour valoriser leur bilan. Mais, de même que les mentalités ont déjà changé dans la société, anticipant, peut-être un peu vite, ce plein emploi dont la perspective est maintenant couramment évoquée, c'est moins sur le chemin parcouru que sera jugé le gouvernement que sur celui qui reste à parcourir.

Et c'est là que l'affaire se complique, car le chômage qui ba