Ce fut une belle bombe. En mars, une étude de la division de la population des Nations unies annonçait que l'Union européenne aurait, dans les cinquante ans à venir, besoin de 700 millions d'immigrés pour compenser le vieillissement de sa population. La France, selon ces projections, devrait accueillir 94 millions d'immigrés, soit une fois et demie sa population. Un chiffre exorbitant, «absurde» avoue aujourd'hui Joseph Grinblat, l'un des rédacteurs de l'étude. Et qui a enflammé les esprits dans les pays occidentaux. En France, dans un contexte de reprise de la croissance, le débat a immédiatement glissé vers le besoin de main-d'oeuvre immigrée.
«J'ai été le premier surpris par l'accueil fait à cette étude», confie le fonctionnaire de l'ONU, habitué à ce que la comptabilité démographique fasse moins de tapage. Joseph Grinblat intervenait cette semaine dans un colloque organisé à l'Unesco à Paris par l'Académie universelle des cultures, sur la notion de «migration de remplacement,» qu'il a lui-même forgée. Il explique volontiers qu'il n'y a rien de bien neuf dans ce rapport sur le vieillissement des populations. «Ce qui a été explosif, c'est de se demander si l'immigration pouvait combler ces déficits démographiques.»
Discours dogmatique. Au-delà des discussions techniques qu'elle a engendrées le très sérieux Institut national des études démographiques (Ined) sort ce mois-ci une note critiquant la méthodologie employée , cette étude a eu le mérite de renouveler le débat sur