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Libération
Éditorial

Mesures de compensation.

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publié le 9 juin 2000 à 2h04

Le marché de la matière grise, comme celui des autres matières premières, est mondial. Les pays les plus développés en sont les plus gros consommateurs, comme pour le pétrole ou le tungstène. L'inégalité concerne aussi les échanges intellectuels. En captant les meilleurs cerveaux, les économies développées s'assurent un avantage dans la concurrence qui les oppose, tout en aggravant le fossé technologique qui les sépare des pays retardataires.

L'intelligence est sans doute la ressource la plus équitablement répandue à la surface de la Terre, mais elle ne trouve à se concrétiser que dans des circonstances favorables de formation et d'emploi. La méritocratie ne reste plus cantonnée dans les étroites frontières nationales qui ont longtemps été les siennes. Les meilleurs cerveaux vont aux meilleurs labos, où ils trouvent à la fois un travail à la hauteur de leurs capacités, un environnement stimulant et une rémunération digne de leur rareté.

Ce phénomène joue aussi entre pays développés (combien de brillants sujets du système scolaire français coulent des jours heureux et discrets en Californie?). Mais ses conséquences se révèlent pénalisantes pour les pays pauvres, vite écrémés de leurs meilleurs talents. Le cas indien est éclairant. La qualité de son enseignement a permis à l'Inde de devenir le deuxième exportateur mondial de software, après les Etats-Unis. Mais le départ de nombreux informaticiens y recrée déjà la situation de pénurie de main-d'oeuvre intellectuelle; la même que