De Gaulle aurait certainement apprécié cet «Euro» de football qui rassemble les nations de l'Atlantique à l'Oural, même si l'élimination de la Russie a singulièrement rétréci le continent. Mais, n'en déplaise au général, cette grande Europe est un peu abstraite et la mise en compétition de seize de ses nations suscite moins d'émotion que la réunion des meilleures équipes de la planète lors des coupes du monde. L'universel fait davantage vibrer et c'est tant mieux, on se doute bien qu'un «euro» maastrichtien ne mobiliserait guère plus les affects que celui qui nous est proposé.
Pourtant, sportivement parlant, c'est un mondial bis qui va avoir lieu, puisqu'il ne manque que le Brésil, l'Argentine, voire le Nigeria, pour que tout le gratin du football soit au rendez-vous. L'Europe n'est pas seulement le berceau de ce sport devenu le plus mondialisé de la planète, elle en est devenue l'Eldorado pour les joueurs des autres continents. La foot-économie est ici une valeur en hausse constante. Au point d'oublier parfois les valeurs fondatrices tout court: l'enthousiasme collectif, l'attachement au maillot, l'engagement sans compter.
Un sport sous coupole dorée qui sélectionne sur le terrain des athlètes accomplis, des techniciens hors pairs, mais n'a pas réussi encore à se débarrasser du pire des spectateurs qui peuplent les gradins. Une minorité sans doute de violents, mais dont les exactions dopées à l'alcool, la xénophobie furieuse et l'hystérie pseudo-guerrière, font désormais figu