A Oran, la semaine dernière, il y a eu comme un retour de flamme quand le président Bouteflika a annoncé qu'il y tiendrait meeting et bain de foule. L'Algérie rêve qu'elle va y croire à nouveau. On a même ressorti les banderoles: «Bienvenue au président». Elles datent d'il y a six mois à peine, du temps de cette «parenthèse enchantée», en septembre dernier, quand le nouveau chef de l'Etat avait transformé sa campagne pour le référendum en un incroyable one-man show. Chacune de ses apparitions ressemblait alors à un match de football, à un concert géant, à une thérapie de groupe, à tout et à rien.
De ville en ville, au gré d'un frénétique calendrier, les Algériens se répétaient les bons mots et surtout les colères du «président Bouteflika». Là, il a traité un chômeur de «bon à rien». Ici, il a lancé «voleur» à un élu. Ailleurs, les journalistes deviennent des «commères de hammam». Il hurle publiquement ce que personne n'osait murmurer, ces plaies et ces tabous de l'Algérie, la corruption, les jeunes montés au maquis «et dont (il) comprend la colère»: «Qui sait si à leur place je n'aurais pas fait pareil?» Après le général Liamine Zeroual, président muet, et dix ans d'une violence dont on n'arrivait même pas à dire le nom, c'est par les mots que Bouteflika a d'abord envoûté les Algériens, pourtant plus que sceptiques lors de la campagne présidentielle. «Moi, j'ai un soutien populaire», assène-t-il alors à qui ose une critique. On a du mal à les entendre: tous ceux qui n'apporte