Tout aura été pensé pour donner un lustre particulier à la venue d'Abdelaziz Bouteflika à Paris. La durée même de sa visite: pratiquement cinq jours. Un dispositif protocolaire «exceptionnel»: Jacques Chirac va lui-même aujourd'hui chercher son homologue algérien à Orly, lui qui, depuis le début de son septennat, s'est déplacé «seulement pour le président tunisien, le roi du Maroc et le pape». Sans parler d'un dîner d'Etat, d'un autre «en tête à tête» entre les deux Présidents, du discours à l'Assemblée, «must» de tout chef d'Etat qui se respecte, ou du débat organisé par la revue Passages avec France 2. Une rencontre taillée sur mesure pour un Président qui a pour carte de visite son image, pour politique le verbe, et qui cherche sur la scène internationale la légitimité dont une élection contestée l'a privé chez lui.
«Refondation». On est loin de la «déception» affichée par Paris comme par les Etats-Unis et l'Union européenne après ce scrutin d'avril 1999 où Bouteflika fut candidat unique. L'âpreté de la riposte du nouvel élu fustigeant le «néocolonialisme» a vite atténué ces critiques. Car l'escalade risquait de renvoyer aux calendes «la normalisation des relations» avec Alger, qui reste un objectif fondamental de la diplomatie française. Le discours d'un Bouteflika très habile à manier la carotte et le bâton avec l'ancienne puissance coloniale et à donner une emphase nouvelle aux promesses de «changement» a fait le reste. Du coup, Hubert Védrine marquait «la refondati