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Libération

""Pour mon passage, j'ai payé 90 000 francs.""

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Témoignages de sans-papiers chinois venus en France clandestinement.
publié le 20 juin 2000 à 1h38

Membres du troisième collectif, ces Chinois sont sans papiers. Depuis trois ans, ils luttent pour leur régularisation. La semaine dernière, ils étaient accueillis à l'église Saint-Merri à Paris, pour une semaine de sensibilisation. Ils ont accepté de raconter leur périple de clandestin, depuis leur région natale de Zheijiang située au sud de Shanghai, jusqu'à Paris. Ces trajets très onéreux s'étiraient parfois sur plusieurs mois. Mais jamais ils ne se sont déroulés dans les terribles conditions qui ont conduit au drame de Douvres. Aucun de ces Chinois n'a eu à se cacher pour passer les frontières. Ils ont gagné la France en suivant certaines filières, via la Russie, et le plus souvent avec de faux papiers. Récits.

Y., 14 ans, a rejoint son père M. Z. en 1998: "J'avais 12 ans, j'étais tout seul, avec un monsieur. Je l'ai suivi comme on m'avait dit. A la douane, pour sortir de Chine, il faut donner son passeport et remplir une fiche avec son nom et le nom de son père. Quand la police m'a demandé mon nom de famille, j'ai écrit un faux nom, le nom du monsieur. Pas celui de mon père. J'avais un faux passeport. On était à Shanghai. Après, j'ai tout simplement pris l'avion, pour la France, toujours avec le monsieur. Mon père le connaissait. A Paris, il m'a emmené dans un restaurant. Je ne me souviens pas où c'était, c'était la première fois que je voyais Paris. J'y ai dormi. Le lendemain, mon père est venu me chercher. Pour mon passage, il a fallu payer 90 000 francs, 20 000 en Chin