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Libération
Éditorial

Cache-sexe.

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publié le 22 juin 2000 à 1h42

L'argent n'a pas d'odeur: le prince régnant sur le rocher monégasque aurait-il fait sienne la devise de l'empereur romain Vespasien? Souvent traité en pays d'opérette connu pour le soap opera à épisodes de sa famille princière, Monaco cacherait, derrière les ors et les lumières de ses soirées jet set et de ses restaurants de luxe, des arrière-cuisines bien moins ragoûtantes. On y opérerait, par l'alchimie de transactions financières protégées par le secret, la transmutation de l'argent "sale" ramassé par tous les trafics et corruptions de la terre en crédits et investissements immobiliers "légaux". Secret de Polichinelle à vrai dire que cette image d'un Rocher plongeant droit dans des eaux pas très claires. L'accusation avait déjà été portée publiquement en 1993 par François d'Aubert, député (de droite) qui avait conclu que des circuits mafieux faisaient étape à Monaco. La nouveauté du rapport des députés (socialistes) Peillon et Montebourg est qu'il dévoile sans fard diplomatique les pratiques douteuses et qu'il éclaire crûment les failles béantes d'un système monégasque conçu comme pompe à phynances qui ne regarde pas à la provenance. Avec succès, puisque plus de 60 % des comptes ouverts dans les banques locales appartiennent à des non-résidents... SAS (Son Altesse Sérénissime) le prince est nu, comme on dirait dans un conte. Cela fait bien mauvais genre au moment où la France, comme toute l'Europe, fait profession de pourchasser les blanchisseurs d'argent illégal.

Mais il