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Libération

L'Amérique moins sûre de sa peine de mort

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La mobilisation grandit dans le pays autour de cas emblématiques d'une justice inéquitable.
publié le 24 juin 2000 à 1h46

New York de notre correspondant

Dans la moiteur de la nuit texane, les témoins de l'exécution sont venus au micro livrer des images qu'ils n'oublieront jamais et que les caméras de télévision n'ont pas pu filmer. Celles d'un homme qui a résisté pendant trente secondes avant qu'on le sorte de sa cellule, qui s'est battu quand on l'a attaché. Et qui est allé vers la mort les mains menottées. Un homme en colère, qui a plaidé son innocence et a crié avant de mourir qu'"il participait au génocide des Noirs en Amérique, que c'était ni plus ni moins qu'un meurtre, sanctionné par l'Etat". Puis, à 20 h 49, heure du Texas, Gary Graham a été exécuté par injection létale à la prison du Texas, après trois ultimes appels rejetés par la Cour suprême, la cour d'appel d'Atlanta et un juge d'Austin.

Défaillances. Jamais peut-être depuis le cas, en 1998, de Karla Faye Tucker, la première femme à être exécutée au Texas depuis la guerre civile, une exécution n'avait engendré une telle émotion et une telle mobilisation aux Etats-Unis. Pour les opposants à la peine de mort, l'affaire Gary Graham représente toutes les défaillances d'un système judiciaire aujourd'hui très critiqué. Arrêté en 1981 pour le meurtre d'un dealer de drogue sur le parking d'un supermarché de Houston, il avait été condamné à la peine capitale sur la foi d'un seul témoignage, celui de Bernadine Skillern, qui avait observé l'assassinat depuis sa voiture. Entretemps, il a été révélé que deux autres témoins présents sur les lieux