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Olivier, libéré conditionnel:

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""Pour la réinsertion, il faut supprimer le casier.""
publié le 28 juin 2000 à 1h49

Olivier (1) est âgé de 41 ans. Incarcéré en septembre 1986 à 27 ans, condamné à vingt ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire, puis à deux ans et neuf mois pour deux tentatives d'évasion. Libéré conditionnel il y a un an et demi après douze ans de prison. Il témoigne pour Libération.

"On a souvent dit qu'une longue peine, c'était la guillotine du sexe, c'est la frustration, la haine contre la société. A la centrale de Saint-Maur, la nuit, on nous passait des films pornos, soi-disant pour nous calmer. C'est dément. Imaginez l'effet pour ceux qui n'ont ni compagne ni affection. Moi, j'ai eu la chance de rencontrer ma femme par correspondance et d'avoir maintenant un toit, un foyer. En prison, la violence dépasse toutes les normes. Une engueulade et le coup part. Il n'y a pas de progression, il faut annihiler l'autre. Il y a peu, dans le métro, j'ai vu un jeune en agresser un autre avec un cutter; je lui ai saisi la main, je n'avais pas peur pour moi, mais pour lui, à cause de ma violence. Je dois travailler sur moi-même et, en tout cas, éviter ce genre de situation.

"Avant ma sortie, j'ai eu des permissions. Mais trois jours, c'est court. Impossible de trouver le travail exigé pour obtenir la libération conditionnelle. Une entreprise m'a fait un contrat bidon. J'ai fini par trouver un emploi. Au bout d'un an, la société où je travaillais a appris que j'avais fait de la prison, j'ai été viré.

"Si on veut que les gens se réinsèrent, il faut supprimer le casier judiciai