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Libération

"Une longue peine, c'est une peine de mort".

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Témoignages de surveillants de maisons centrales, qui dénoncent les conditions de détention.
publié le 28 juin 2000 à 1h49
(mis à jour le 28 juin 2000 à 1h49)

A la prison centrale de Moulins-Yzeure (Allier), "la plus sécuritaire d'Europe", personne ne peut bouger un doigt sans être filmé par l'une des caméras qui tournent en permanence. Les plafonds sont très bas, les sas de sécurité nombreux, les grilles s'ouvrent et se ferment en continu. Toutes ces précautions n'ont toutefois pas empêché, il y a peu, une spectaculaire évasion en hélicoptère. Ici vivent les "longues peines", les condamnés à plus de cinq ans de prison.

"Tous ces sas à traverser pour se rendre d'un lieu à un autre, tous ces contrôles électroniques, ces plafonds qui touchent presque la tête, tout cela rend l'atmosphère extrêmement pesante", raconte Jean-François Chaume, surveillant à Moulins, vingt-trois ans d'administration pénitentiaire et délégué Ufap (Union fédérale autonome pénitentiaire). Comme tous les professionnels du monde carcéral, il voit les peines s'allonger et les incarcérations tomber "à tour de bras". Les condamnés à de très longues peines, à plus de vingt ans, "vivent ici sans perspective d'aucune réinsertion ou de s'en sortir un jour". Pour ceux-là, les libérations conditionnelles tombent au compte-gouttes: "On enlève aux gens l'espoir qui leur permet de tenir, de se scolariser, de passer des diplômes. Quelqu'un qui a des perspectives entrevoit le bout du tunnel, tandis que celui qui n'en a pas ne peut approuver son enfermement. Et même si la routine s'installe, la tension est là", dit encore le surveillant.

Manque de moyens. A Moulins, les détenus