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Libération

Des prud'hommes au tribunal d'instance

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Les syndicats dénoncent une ""criminalisation des mouvements sociaux"".
publié le 30 juin 2000 à 1h58

"On a besoin de nouveaux droits de manifester, qui correspondent au monde moderne, à la médiatisation." Pascal Rennes parle en connaisseur. Responsable du secteur "droit et libertés" de la CGT, il suit tous les procès des militants de la centrale syndicale. En quelques années, l'habitué des prétoires est passé de l'enceinte des conseils de prud'hommes à celle des tribunaux d'instance. Explication: "Depuis qu'on protège mieux le droit de grève des salariés, les entreprises montent des dossiers correctionnels pour pouvoir mieux licencier les militants."

Séquestration. Dernier procès en date: celui de 45 militants de la CGT et de la CFDT de Renault devant le tribunal correctionnel du Mans pour séquestration. "En fait, une négociation qui s'éternise pour empêcher le licenciement d'un collègue", rappelle-t-il. Le tribunal, tout en notant dans ses attendus que la direction de l'entreprise n'avait rien fait pour mettre fin à la situation, n'a pas pu faire autrement que de condamner la plupart des salariés. "Un peu facile, rappelle Pascal Rennes. La séquestration a été instituée au XIXe siècle pour empêcher les gendarmes de conserver au frais des personnes, quelquefois pendant huit jours... On est loin de tout ça."

La judiciarisation de l'action syndicale est encore plus forte, lorsque l'action se déroule à l'extérieur de l'entreprise. La SNCF sait utiliser les lois de Vichy sur la "police ferroviaire". Loris Dall'O et ses copains de la CGT Peugeot-Sochaux s'en sont aperçus lorsqu'ils