Le 13 septembre 1999, installé devant un téléviseur pour écouter l'intervention télévisée de Lionel Jospin, José Bové a piqué une grosse colère. Que dit le Premier ministre ce soir-là du nouveau héraut de la lutte contre la mondialisation sauvage? Que "nous sommes un peuple avec des origines gauloises". Qu'à chaque mouvement "il y a toujours des personnalités qui émergent comme cela", "Tarzan" chez les camionneurs en 1992, "Robin des Bois" chez les chômeurs en 1998, et maintenant ce paysan du Larzac, une "personnalité vigoureuse, forte, qui émane finalement un peu de notre peuple, avec sa radicalité qui a toujours existé". Que José Bové "exprime ça". Comprendre: "rien d'autre". En quelques phrases, le leader de la Confédération paysanne, avec ses trente ans de militantisme, se voit ravalé au rang de simple forte tête, inculte, poujadiste, éphémère.
Savoir-faire militant. Formidable contresens d'un Premier ministre qui, il est vrai, a toujours eu du mal à décrypter les mouvements d'opinion atypiques! José Bové est le contraire d'un Tarzan. Tout, dans son itinéraire personnel, dans les thèmes qu'il porte et même dans sa stratégie politique, traduit une connaissance méticuleuse de la sociologie française, des rouages politiques, des emballements médiatiques. Le démontage du McDo était prévu le 11 août; José Bové et ses acolytes décideront de le repousser d'une journée, car "le 11 août, c'était l'éclipse..." Bové n'est pas un "Visiteur" tombé du Moyen Age, un péquenot à bacchante