Directeur de recherches au CNRS, Jean Viard explique le retentissement du mouvement créé autour de José Bové par sa capacité à parler du monde paysan aux classes moyennes des villes.
Comment expliquer que José Bové, leader d'une organisation agricole minoritaire, soit devenu un tel symbole?
On lui a offert une tribune en or, qu'il a su remarquablement saisir en vrai professionnel de l'action syndicale. C'est un homme de qualité, dont la vie est quasiment exemplaire de ce qu'il défend par son mode de vie, le Larzac, son revenu, etc. Il y a aussi un enjeu interne au monde rural, en proie à un bouleversement extrêmement profond et la question très forte de l'identité nationale avec la mondialisation et les peurs qu'elle provoque. Véritable pont entre les univers
ruraux et urbains, Bové a su faire la synthèse de ces deux enjeux, peut-être parce que la France est une république paysanne depuis longtemps. Quelqu'un qui incarne la terre est vu comme porteur des valeurs de cette République. Bové et Marianne, avec ses gerbes de blé, feraient un couple superbe!
Comment définir le courant qui s'est rassemblé autour de lui? S'il ne s'agissait pas de quelqu'un de marqué à gauche, on parlerait peut-être de réaction franchouillarde à la mondialisation...
C'est ce qu'on a pu penser au début. On a connu des personnages qui surgissaient au cours d'une lutte conjoncturelle et disparaissaient aussi vite. Or,
Bové émerge dans un combat sur le
Roquefort, mais devient un acteur
politique symbolique. La Fr