Menu
Libération

Le Larzac, terreau du combat idéologique

Article réservé aux abonnés
Les intellectuels-paysans y ont semé leurs idées.
publié le 30 juin 2000 à 1h58

Millau, envoyé spécial.

Le directeur de la Confédération des caves de Roquefort n'a pas été surpris du vote de son conseil d'administration, il y a un an. A l'unanimité, producteurs de lait de brebis et industriels se prononçaient contre la présence d'OGM dans le fromage aveyronnais. Eric Boutry connaît par coeur ces syndicalistes paysans incapables d'entamer une discussion sur le prix du lait sans déboucher sur un débat philosophique. Ce sont les mêmes, réunis dans la Confédération paysanne, qui ont démonté le McDo.

Etudiants. "Moi, pur Aveyronnais, j'ai été étudiant à Montpellier", raconte Alain Soulié, le premier porte-parole du Syndicat des producteurs de lait de brebis, dans sa ferme. "Moi, je suis arrivé des Pyrénées-Orientales en 1991", imaginant pouvoir exercer là "une critique, même partielle, du productivisme", reprend René Riesel, qui a étudié à Nanterre. "Mais seulement trois mois, parce que j'ai vite compris que l'université n'est qu'une machine à reproduire le pouvoir." L'une des principales figures de l'Internationale situationniste de Mai 68 élève maintenant des brebis sur le causse Méjean. Arrivant de Bordeaux, José Bové a, lui, posé ses valises à Montredon-du-Larzac, en 1974, pour échapper au service militaire.

Dans sa mairie, Jean-Claude Gineste est tout à l'occupation d'une ferme: "On veut qu'elle soit attribuée à un jeune agriculteur, plutôt que de la voir conforter la situation déjà confortable d'un exploitant voisin." Natif du lieu, Gineste, 48 ans, se so