Rotterdam envoyé spécial
"La vie d'un sélectionneur, dit Roger Lemerre, c'est comme être en place de Grève. La guillotine est installée, vous avez trois marches à monter. Vous montez ; parfois vous avez la chance de les redescendre." L'entraîneur de l'équipe de France dit beaucoup de choses. Parfois, il pense que "la vie, c'est le plus beau roman que l'on puisse avoir". A d'autres moments, il estime que "pour vivre, il faut du bonheur". Mais, il peut aussi mettre en garde : "trop de bonheur est source de malheur." Roger Lemerre parle quand il ne boude pas la presse, comme ça lui est arrivé pendant l'Euro. Parce que le règlement l'y oblige. Parfois pour ne pas dire grand-chose. Et pourtant, ce lecteur de Marguerite Yourcenar sait que ses mots, régulièrement, lui reviennent frappés de la mention "abscons", voire cons. Et s'il s'en moque, en homme qui préfère la méthode au discours.
Roger Lemerre est devenu l'entraîneur de l'équipe de France dans l'euphorie d'une Coupe du monde remportée le 12 juillet 1998 au stade de France. Sept mois plus tôt, Aimé Jacquet, sélectionneur des Bleus à l'époque, l'avait appelé à ses côtés pour s'occuper de la préparation physique de l'équipe. Pour soigner leur âme aussi, grand frère ou père fouettard qui s'épanouit dans l'anonymat d'un rôle de numéro 2. C'est que l'homme aime revendiquer l'association "fidélité-loyauté-honnêteté-humilité". Entraîneur du Bataillon de Joinville pendant douze ans, Lemerre a conduit cette formation au titre de champio