Nos parlementaires, décidément, devraient plus souvent oublier leurs certitudes partisanes. Et ne plus hésiter à utiliser leurs pouvoirs pour s'aventurer sur des terrains pas forcément électoraux. On s'était déjà fait la réflexion au vu du résultat des enquêtes menées à propos des origines des massacres rwandais et des événements corses. Les rapports rendus publics hier par le Sénat et l'Assemblée sur le scandale des prisons ne pourront que renforcer cette conviction : placés face à la sinistre réalité de l'emprisonnement pour l'emprisonnement et après avoir interrogé aussi bien détenus que gardiens, médecins, aumôniers ou magistrats, nos parlementaires enquêteurs ont jugé la situation carcérale française indigne d'un pays qui se proclame, souvent avec beaucoup d'ostentation, patrie des droits de l'homme.
Il était temps, même si certains mauvais esprits expliquant la soudaine préoccupation de nos élus par la multiplication des incarcérations des politiques. La dernière enquête parlementaire menée dans les prisons françaises remonte en effet à... 1872.
Les conclusions et les recommandations des sénateurs et des députés sont frappées au coin du bon sens. Elles avaient d'ailleurs été émises, pour la plupart depuis des lustres, par nombre de spécialistes de l'institution carcérale qui dénoncent inlassablement l'absence de moyens et surtout de finalité de l'emprisonnement. Elles n'en sont pas moins révolutionnaires dès lors qu'elles émanent de la représentation nationale et qu'elle