Mulhouse envoyée spéciale
A l'entrée des visiteurs, le gamin délaisse son bol de lait, remet son tee-shirt, éteint la télé, fait un geste en direction de son compagnon pour que celui-ci se lève, comme lui. Il a 15 ans.
Au président de l'Assemblée nationale, Raymond Forni (PS), en visite lundi à la maison d'arrêt de Mulhouse, il explique poliment qu'il est incarcéré depuis le 30 mai, pour la troisième fois de sa courte vie. Qu'avec son copain, il purge une peine pour "deux cambriolages et deux vols de voiture", mais qu'il espère aller au lycée à la rentrée. La porte se referme sur les deux enfants. "A quoi ça sert de mettre des jeunes de 15 ans en prison ? C'est une solution qui n'est pas acceptable", soupire l'élu.
Raymond Forni n'était pas membre de la commission d'enquête, mais il a tenu, avant que celle-ci ne soit officiellement rendue publique, à effectuer à son tour une visite dans un établissement pénitentiaire, comme pour signifier que les prisons n'étaient pas seulement le problème d'une commission, mais celui du Parlement tout entier.
Cellules étouffantes. De la prison de Mulhouse, le président de l'Assemblée nationale, également avocat au barreau de Belfort, ne connaissait que le parloir. Il a vu lundi tout ce qu'il pouvait deviner"de crasse, d'odeurs, de misère, de promiscuité, de vétusté". Sous la conduite de la directrice du centre pénitentiaire, Bénédicte Brunelle, 38 ans, il a pu prendre la mesure de cet établissement vieux de plus d'un siècle, toujours en chantie