Menu
Libération
Éditorial

L'autre temps

Article réservé aux abonnés
publié le 8 juillet 2000 à 2h54

Qu'il est fatigant de travailler moins! Quel que soit leur effet, réel ou en trompe l'oeil, sur le taux du chômage, les 35 heures sont en train de provoquer une révolution culturelle - une vraie - en propulsant les Français de l'ère des loisirs de masse, où ils étaient entrés en 1936, à celle des loisirs à la carte et individualisés. En cet été 2000, même si nous n'en avons pas encore tous pris conscience, le monde hexagonal change de base. Tout du moins dans une de ses dimensions qui, pour être arbitraire, n'en est pas moins essentielle en ce qu'elle règle l'existence de tout un chacun: le temps. Celui-ci était jadis rythmé par un métronome implacable de la semaine de travail au week-end, puis des mois de travail aux grandes vacances, envoyant tout le monde, hors quelques privilégiés, en même temps du métro au boulot, du boulot au dodo, puis, l'été venu, de l'usine des Temps modernes de Charlot aux Vacances de Monsieur Hulot à la faveur de grandes transhumances collectives le long de la nationale 7 reconvertie en autoroute du Soleil pour aboutir sur les plages noires de monde, sinon de mazout, de golfes aux eaux pas très claires.

Les 35 heures lèvent cette obligation de vie collective héritée de l'ère industrielle. Et créent du même coup leur lot de nouveaux problèmes à résoudre. Pour les malheureux directeurs des ressources humaines d'abord, qui doivent faire des heures sup' pour orchestrer les mouvements de salariés devenus solistes du RTT et éviter une cacophonie vacanciè