Gaza envoyée spéciale
Sur le bord de mer, les apparatchiks de l'Autorité palestinienne se pressent dans leurs BMW climatisées. Dans ce quartier prisé de Gaza, on se délecte de poissons grillés face à la Méditerranée. Les ministres d'Arafat y côtoient journalistes étrangers et hommes d'affaires locaux, et les cartes Visa y sont acceptées depuis quelques mois. Qui a dit que les Palestiniens n'avaient plus rien à perdre? A voir les immeubles luxueux qui sortent du sol, les voitures flambant neuves qui fendent la poussière, le doute est permis: Gaza n'est plus seulement cet îlot de misère où s'entassent au soleil des réfugiés privés de tout droit, c'est aussi l'incarnation de cette société palestinienne à deux vitesses qui a de plus en plus de mal à se diriger d'un seul pas vers la paix.
Pour la grande majorité, ici, l'objectif immédiat c'est l'amélioration de la vie quotidienne. La paix, ce sera pour plus tard. "La plupart des Palestiniens se moquent du sommet de Camp David. Ils n'y croient plus, ils sont amers. Ceux qui discuteront de leur sort cette semaine sont les mêmes que ceux qui leur ont promis le meilleur il y a quelques années et n'ont apporté que l'apartheid, confie Raji Sourani, directeur du Centre palestinien pour les droits de l'homme. Regardez autour de vous et interrogez n'importe qui dans la rue, il vous dira qu'il vivait bien mieux sous l'occupation israélienne. Depuis que l'Autorité palestinienne est là, les choses n'ont fait qu'empirer, la vie est de plus en p