«J'ai bien noté l'appel du Président au dialogue social. Intéressant, non ? Il a été briefé par Nicole Notat, ou quoi ? Il faut maintenant que la gauche s'y mette aussi !» En écoutant Jacques Chirac vendredi, devant le grand écran dressé dans un salon de l'Elysée, Ernest-Antoine Seillière, président du Medef, était animé d'un sentiment double. Une jubilation non dissimulée, d'abord : il voyait en direct son bébé, la «refondation sociale», débouler au coeur du débat politique, par la voix du premier personnage de l'Etat. Mais aussi une vague crainte, non avouée, celle de voir la droite s'emparer seule du thème, poussant du même coup le gouvernement à se raidir contre les chantiers ouverts par le Medef, et en particulier contre l'accord sur le Pare (plan d'aide au retour à l'emploi). Mais à lire son visage, la satisfaction l'emportait.
Agitateur d'idées. Le Medef est en passe de réussir son pari, occuper le centre du terrain, être l'agitateur d'idées. Une telle position paraissait invraisemblable il y a deux ans. Lorsqu'elle s'appelait encore CNPF, l'organisation patronale était à la fois pleurnicharde, poussiéreuse et inerte. Les 35 heures l'avaient sonnée, les PME la boudaient et la droite, décomposée, ne lui était d'aucune aide. Face à ce désastre, Ernest-Antoine Seillière et sa boîte à idée Denis Kessler un ancien universitaire issu de la gauche, mais désormais porteur d'un libéralisme de la plus pure eau se sont attelés à dresser un programme total. Car le Medef veut b