Les ronds de fumée sont une mine d'or. La comparaison du tabac et des drogues s'appuie surtout sur l'accoutumance qu'il provoque chez ses usagers. Pourtant, le gigantisme des sommes en jeu dans son commerce ne constitue pas une moindre similitude avec les stupéfiants. Cette mine de d'or attise les convoitises, pas seulement celles du fisc. On peut même dire qu'il existe un entraînement mécanique entre la pression fiscale à laquelle est soumis le tabac (à la hausse un peu partout dans le monde) et son trafic clandestin. Les réseaux par lesquels passent drogues ou tabac ont plus d'un point de recoupement. Les cigarettiers n'en ont cure: pour eux, la fumée n'a pas d'odeur.
Pour les Etats victimes de la contrebande du tabac, le manque à gagner est double: non seulement ils perdent de précieuses taxes mais leur campagnes antitabagiques s'en trouvent sabotées puisque contournées. Pour le système de soins comme pour les finances publiques, il y a plus regrettable qu'un tabagique cancéreux, c'est un tabagique cancéreux insolvable.
Habitués à mentir depuis des décennies comme des arracheurs de dents, les industriels du tabac ne s'émeuvront guère des accusations de contrebande qui sont aujourd'hui portées contre eux. Leur stratégie est désormais celle d'une fuite en avant: tout en bétonnant leur défense face aux procès et aux milliers de milliards qu'on leur réclame, ils cherchent plus que jamais à faire du chiffre, à trouver de nouveaux marchés, le temps de reconvertir leurs capitaux d