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Libération
Éditorial

Superman

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publié le 24 juillet 2000 à 2h30

Successivement Anquetil, Merckx, Hinault, Indurain, pour ne citer que les quintuples vainqueurs du Tour, nous ont donné le sentiment qu'il pouvait exister des coureurs invincibles. Athlètes dans leurs jambes, parrains dans leur tête, ils dominaient le peloton, mais restaient des hommes sortis du rang. Lance Armstrong, qui a remporté hier sa deuxième boucle et dont rien ne dit qu'il aura la même longévité que ses glorieux aînés, domine tout autant ses collègues de selle. Mais lui semble surgir d'ailleurs. Un peu comme ces sportifs d'exception que produisent régulièrement les Etats-Unis, ces mental killers qui écrasent leur discipline de leurs supériorité, à la manière de Carl Lewis et Michael Johnson pour l'athlétisme, ou même Tiger Woods qui, à 24 ans, semble déjà promis au titre de golfeur du siècle.

Champion du monde à 21 ans, miraculé d'un cancer qui faillit le faire descendre définitivement de vélo, entraîné avec des méthodes à part dans le milieu, Armstrong a tout à la fois une puissance et une légèreté dont on cherche à percer le secret derrière un visage de marbre qui ne se raye de souffrance qu'en de très rares occasions.

Pour dire les choses plus crûment, cet homme concentre tous les soupçons d'un nouvel âge du dopage où la biologie supplanterait la chimie, indétectable pour des laboratoires d'analyses qui ont toujours eu une guerre de retard dans la chasse aux adjuvants prohibés. Bien sûr, il y a une part d'injustice dans ce regard suspicieux. Lance Armstrong est d'a